Un territoire façonné par l’eau
Omniprésente en Vallées des Gaves, l’eau est un élément qui parcourt et qui structure ce territoire de montagne auquel elle a donné son nom : dans le Midi ou en Gascogne, un « gave » désigne un cours d’eau, un torrent, une rivière. En latin gabarrus, il provient d’un radical pré-celtique gaba signifiant rivière encaissée, et traduit par là même la configuration topographique du territoire.
Comme son nom l’indique, les Vallées des Gaves sont structurées par un système de vallées reliées entre elles par les gaves (torrents) qui alimentent l’artère principale du Gave de Pau. Les hautes vallées encaissées de Gavarnie, de Luz-St-Sauveur et de Cauterets ainsi que la vallée plus ouverte du Val d’Azun débouchent ainsi sur la vallée centrale d’Argelès-Gazost.
Sur le plan hydrologique, ce territoire correspond au secteur amont du bassin versant du Gave de Pau, lequel prend sa source au pied du Cirque de Gavarnie aux environs de 2 500 m d’altitude. Le Gave de Pau est un affluent rive gauche de l'Adour d’une longueur totale de 180 km qui traverse successivement les départements des Hautes-Pyrénées, des Pyrénées-Atlantiques puis des Landes pour se jeter dans l’Adour.
La longueur de l’ensemble des cours d’eau (permanents ou non) de ce bassin amont du Gave de Pau est estimée à 200 km et façonnant un bassin-versant de 1 360 km². Il comprend 73 des 89 communes de l’arrondissement d’Argelès-Gazost soit les 4/5ième du territoire des Vallées des Gaves. Notons que ces 73 communes (36 000 habitants permanents et 160 000 en période estivale) sont comprises dans le périmètre du Contrat de Rivière Gave de Pau 2002-2006, lequel a été reconduit jusqu’en 2010.
Le bassin du Gave de Pau peut être scindé en quatre entités distinctes :
Un secteur amont (des sources à Gèdre) de type torrentiel caractérisé par une forte pente (4,4 % en moyenne) et une succession de rapides et replats.
- Un secteur de gorges profondes et encaissées entre Gèdre et Pierrefitte. La pente y est toujours assez importante (2,4 %).
- Une zone de transition où le Gave divague et dépose des alluvions. Ce tronçon de pente moyenne (0,9 %) s'étale de la confluence avec le Gave de Cauterets jusqu'à la confluence avec le Gave d'Azun.
- Un secteur aval, d'Argelès-Gazost à la limite départementale, caractérisé par une pente de 0,6 % en moyenne et un lit large.
Outre ce réseau hydrographique des Gaves, le territoire est ponctué de zones humides très riches telles que les saligues et les tourbières ainsi que de nombreux lacs de montagnes.
Elément indissociable et structurant du paysage pyrénéen, pilier économique de nos vallées avec l’essor du thermalisme dès le 19è siècle, l’eau est souvent perçue comme une ressource inépuisable sur notre territoire.
Inépuisable ?
Rappelons que chaque goutte d’eau qui tombe du ciel est restituée d’une manière ou d’une autre à l’atmosphère. C’est le principe même de son cycle.
Or aujourd’hui, si l’on ne peut pas accroître la quantité d’eau dont on dispose, les besoins, eux, augmentent. Et ils continueront à augmenter, du fait de la pression démographique croissante et des changements climatiques constatés à l’échelle du globe.
Dans ce contexte, la ressource en eau disponible, qui doit avant tout permettre d’alimenter les populations en eau potable, doit également satisfaire d’autres besoins induits par de multiples usages tels que l’irrigation, la production énergétique et industrielle, les activités de loisirs, la pêche, etc. La notion de patrimoine commun, introduite par la Loi sur l’eau de 1992, est donc bien au cœur de la problématique environnementale : une gestion raisonnée de l’eau doit assurer un partage équitable de la ressource entre les différentes activités humaines tout en garantissant le bon état des écosystèmes.
Dotées d’un patrimoine naturel et paysager exceptionnel, les Vallées des Gaves constituent aujourd’hui l’un des territoires les plus touristiques du massif pyrénéen. Il nous appartient aujourd’hui de préserver ses richesses, dont l’eau est une des composantes essentielles. La protection de cette ressource et des milieux naturels associés, la lutte contre les pollutions, la prévention des risques d’inondations sont autant d’enjeux majeurs de notre territoire.
Pour en savoir plus : « climatologie et hydrologie »
La répartition des pluies d'origine océanique est marquée par la présence de la barrière pyrénéenne qui génère des précipitations abondantes. La chaîne pyrénéenne joue également un rôle d'écran aux vents dominants pour les vallées situées le plus à l'Est et orientées Nord-Sud.
L'influence océanique tempérée, à 4 saisons distinctes, est dominante ; les données climatiques s'étagent du Nord au Sud en fonction de l'altitude.
Le régime hydrologique du bassin du Gave de Pau est de type pluvio-nival: les débits des cours d’eau sont essentiellement alimentés par les précipitations et la fonte des neiges.
On distingue deux périodes :
- les hautes eaux à la fonte des neiges (mai - juin) résultant du stockage sous forme de neige, des précipitations de décembre à mars
- les basses eaux à la fin de l'été (septembre - octobre) et en hiver (janvier - février).
L'hydrologie du bassin est également caractérisée par :
- un régime normal modifié par des aménagements hydroélectriques en tête de bassin
- des crues violentes au mois d'octobre (pluies chaudes et orageuses, qui provoquent la fonte des premières neiges de septembre)
- des crues dévastatrices - notamment en 1875, 1937 et 1982 - qui ont occasionnées d'importants dégâts (zones habitées inondées et ouvrages détruits).
La moyenne des débits mensuels du Gave de Pau mesurés sur plus de 20 ans donne au pont de Rieulhes :
- une valeur minimum du débit moyen mensuel en septembre de 29 m3/s (étendue entre 13,5 et 55 m3/s),
- une valeur maximum du débit mensuel en juin de 88,4 m3/s.
Les étiages les plus sévères enregistrés sur le Gave ont eu lieu en 1990, 1991 et 1992 : débit
Dossier rédigé par Hélène Sazatornil, SMDRA