Caractéristiques et enjeux "Ossoue, Aspé, Cestrède"

Caractéristiques

Le site Natura 2000 "Ossoue Aspé Cestrède" s’étend sur 5600 ha, et s’étage de 1490 à 2968 mètres d'altitude sur la communes de Gavarnie-Gèdre. Il s’agit d’un site caractéristique de la haute montagne calcaire pyrénéenne. Sa forte diversité et complexité géologique ainsi que son étagement altitudinal lui confèrent une grande richesse en espèces. Les pelouses et landes subalpines et alpines, ainsi que les falaises et éboulis, occupent la majeure partie du site. Localement, des pineraies de pins à crochets, quelques prairies et zones humides lui confèrent un intérêt particulier.

Outre son caractère naturel, ce site est le siège d’une activité pastorale ancestrale bien organisée, caractérisée par un usage différencié de l’espace fréquemment découpé en "quartiers" de pâturage. L’interdépendance de cette pratique avec les milieux qu’elle permet de préserver est un facteur essentiel de compréhension de ce territoire d’altitude. Comme l’exprimait très clairement un éleveur lors du lancement de la démarche Natura 2000 en 2003, "ce sont les bouses de nos vaches qui font pousser vos fleurs". Le clivage ainsi posé entre le monde de l’environnement et le milieu agricole ne fait que souligner la nécessité de travailler en commun pour favoriser le maintien d’activités traditionnelles économiquement viables, garantes de la pérennité des habitats naturels et des espèces qui y sont associées.

Enjeux

Cinq enjeux majeurs, liés aux interactions entre les milieux, les espèces et les activités, ont pu être mis en évidence :

le premier enjeu concerne l’uniformisation et la fermeture de milieux pâturés à forte valeur patrimoniale. Cet enjeu majeur souligne la nécessité de soutenir l’activité agricole et pastorale de ces vallons dont le dynamisme, la valeur économique et humaine, ainsi que le potentiel naturel dépendent entièrement de l’activité des éleveurs.	Estives de Bué
l’observation de dégradations ponctuelles des milieux naturels révèle un usage déséquilibré de certains secteurs, qui aura des répercussions tant du point de vue naturel (dégradation de milieux, impact sur les espèces) qu’au niveau des activités (gène occasionnée aux éleveurs et aux randonneurs par un sentier érodé et difficilement praticable, mauvaise alimentation en eau des troupeaux…).
certains milieux présentent un intérêt particulier, et leur préservation devient alors un souci majeur. Citons les buttes de Sphaignes, rares et prioritaires du point de vue de l’Europe, et les prairies de fauche, qui cumulent un fort intérêt paysager, culturel, économique, mais également un potentiel de biodiversité reconnu au niveau de la Directive « Habitats faune flore ».	Laquettes de Saugué
les ruisseaux, gaves et pièces d’eau du site présentent des espèces aquatiques parfois rares et vulnérables, dont le maintien nécessite un souci particulier. La prise en compte des activités associées à de tels milieux, la pêche et l’hydroélectricité, doit permettre d’assurer le maintien des espèces aquatiques sans entraver ces pratiques.	Barrage d'Ossoue
un dernier enjeu concerne la gestion de territoires partagés entre des pratiquants de la montagne aux attentes diverses, notamment les éleveurs et les visiteurs, touristes ou pratiquants d’activités de sports et de loisirs.

Ces enjeux sont à l’origine de propositions d’actions variées, allant du suivi d’habitat à la réalisation d’équipements pastoraux, en passant par la sensibilisation et l’information. Résumées au sein de "fiches actions" (fichier N°1, fichier N°2, fichier N°3, fichier N°4, fichier N°5), ces différentes mesures peuvent ainsi avoir une portée locale ou beaucoup plus globale. Toutefois, celles-ci demeurent globalement impuissantes face au cœur du problème de l’entretien des milieux d’altitude : la déprise et le manque de main d’œuvre. Ces évolutions souvent mal vécues par les éleveurs locaux constituent une menace majeure pour la dynamique et la vie locale des vallées, et par voie de conséquence, pour les habitats naturels et les espèces.

Dans l’incapacité d’agir sur de telles évolutions, les mesures du document d’objectifs visent à faciliter une gestion qui permette aux éleveurs de poursuivre une activité économiquement viable, garante du maintien des paysages, des milieux et des espèces dont elle est le plus souvent à l’origine.