Définition
Le pastoralisme se résume en 3 points :
- Activité d’élevage extensif d’animaux domestiques (souvent rustiques)
- En totalité ou en partie sur des formations végétales « spontanées »
Activité temporaire liée à la saisonnalité naturelle de la ressource ou à l’accessibilité des territoires (enneigement, sécheresse, inondation …) qui génère le déplacement des animaux (transhumance ou nomadisme)
C’est une pratique ancestrale qui a débuté avec la domestication des premiers animaux à instinct grégaire.
Dans les Pyrénées, le pastoralisme est rythmé par une montée des troupeaux en « estives » au début du printemps et un retour dans les exploitations d’origine à la fin de l’été ou au courant de l’automne. Ces déplacements sont appelés « transhumances ». Ils sont souvent l’occasion de se réunir pour fêter le début de la belle saison.
Les estives constituent une ressource fourragère importante dans le cycle de production des exploitations d’élevage. Les pâturages d’altitude, formés de pelouses et de landes offrent une nourriture abondante et de qualité aux troupeaux libérant ainsi les prés sur les exploitations et les quartiers de grange ce qui permet de reconstituer les réserves de foin hivernales.
En pays des Vallées des Gaves
Le Haut-Lavedan est constitué de 3 vallées : Azun, Cauterets et Barèges/Gavarnie où l’activité pastorale tient une place particulièrement importante. Ces vallées, dominées par les sommets les plus hauts des Pyrénées françaises, disposent de très vastes montagnes où les contraintes ne manquent pas : relief, altitude, durée d’enneigement, accès long et pénible…
Les estives sont des espaces collectifs qui appartiennent aux collectivités locales (soit en propre, soit en indivision).
La plupart des collectivités locales assure la gestion de leur territoire c’est à dire qu’elles fixent les règles d’utilisation, les dates de montée et de descente des troupeaux, le prix des baccades (location des estives), gèrent l’accueil de troupeaux extérieurs, engagent des travaux d’amélioration pastorale…. Certaines communes, notamment sur le secteur d’Argelès, ont délégué cette gestion à des groupements pastoraux (association des éleveurs transhumants sur le secteur).
Cette organisation des estives a été mise en place pour gérer au mieux l’accès à une ressource limitée.
A cette organisation, s’ajoutent les droits de pâturage et les usages hérités de l’Histoire qui régissent l’utilisation des estives et font partie de la richesse culturelle de l’activité pastorale.
Des hommes et des troupeaux
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Transhumance de la Bernatoire : Venue des troupeaux espagnols par le col frontalier de la Bernatoire (2336 m) vers le 25 juillet. |
La plupart des éleveurs transhumant sur le secteur du Haut-Lavedan sont originaires de la commune ou de la vallée sur laquelle ils transhument. Mais certains troupeaux viennent de plus loin : du reste du département des Hautes-Pyrénées, des départements voisins (et notamment des Pyrénées-Atlantiques) ou encore d’Espagne comme sur la montagne d’Ossoue dont certains quartiers sont réservés aux troupeaux issus de la Mancomunidad de la vallée de Broto (selon les termes du traité de Bayonne de 1862).
Les enjeux actuels
Sur le plan national, on assiste à une diminution constante des exploitations agricoles. Les conséquences sont visibles sur les montagnes où les troupeaux ovins,

Aujourd’hui, la rareté de la ressource n’est plus le problème mais les enjeux se posent au niveau humain, afin d’accompagner ces évolutions et de maintenir l’activité pastorale pour ses richesses économiques, sociales, culturelles, d’entretien des paysages et de la biodiversité.
Le pastoralisme au cœur des sites natura 2000
Défrichement, pâturage, fenaison et mise en culture constituent autant de modifications qui ont fortement influencé l’écosystème naturel. En permettant l’installation humaine, ces interventions ont également favorisé le développement

Mais dans le contexte de déprise agricole actuel, la nature reprend ses droits : beaucoup de zones sont désormais en cours d’enfrichement, le paysage se referme et s’uniformise. Le déclin agro-pastoral entraîne avec lui celui de la diversité floristique et faunistique qui lui est associé.
Pour atteindre l’objectif premier de la Directive Habitats de maintien des habitats naturels et les espèces d’intérêt communautaire, une prise en compte des pratiques passées et actuelles, tant socio-économiques que culturelles, est donc indispensable, car la préservation de ces milieux patrimoniaux nécessite le maintien d’un pastoralisme actif.
Co-rédaction de ce dossier :
Hélène DEVIN, CRPGE
Claire ACQUIER, animatrice Natura 2000 - Gèdre
Jean-Guillaume THIEBAULT, Parc national des Pyrénées